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11/05/2007

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medium_18754456.jpgUne chose est certaine, si Philip K. Dick entrevoyait se qui se passait dans les prétendues adaptations de ses romans ou nouvelles, il se retournerait dans sa tombe. Même lorsque le matériau d'origine (la nouvelle écrite), est plus ou moins respecté, il est difficile de présenter un film crédible, tellement l'oeuvre de ce génie de P. Dick est complexe et difficile justement à "transformer" en film. Blade Runner, adaptation faite par Ridley Scott (1982, de la nouvelle Est-ce que les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?) fut considéré comme un chef d'oeuvre, même s'il n'a presque rien à voir avec le livre. Suivront Total Recall (Paul Verhoeven, 1990) et Minority Report (Steven Spielberg, 2002), plutôt moyens. A préciser toutefois que Spielberg n'a pas pu s'empêcher, comme d'habitude, d'apporter sa touche mannichéenne et humaniste à l'adaptation, en bafouant par exemple le dualisme des personnages (notamment celui de l'officier John Anderton, interprété par le pote de Spielberg, Tom Cruise). La nouvelle "Minority report" fait une centaine de pages et se termine mal (comme très nombreux livres de Dick). Or, le film de Spielberg finit sur un happy end... 

Paycheck de John Woo (2003) est très mauvais. C'est un film d'action, sans plus, interprété par Ben Affleck, acteur médiocre. A scanner darkly (Richard Linklater, 2006) est un bon film également, difficile de faire mieux tant le roman est compliqué et confus. D'autres films, moins connus que les précédents, se sont inspirés de l'oeuvre de Philip. K. Dick : Impostor (2002, Gary Fleder), Screamers (1995, Christian Duguay) et Confessions d'un barjo (1992, Jérôme Boivin). Place maintenant à Next. La nouvelle de K. Dick fait 48 pages (ancienne edition J'ai lu, 1982, n° 1291), écrite en 1954 et se passe dans le futur. Le film par contre se passe dans le présent... 48 pages ce n'est pas beaucoup pour produire un long-métrage alors on ajoute du "spectacle" à gauche et à droite. Dans le film, Chris Cooper, personnage possédant des pouvoirs surhumains, est aussi Franck Cadillac, magicien à ses heures dans un hotel de Las Vegas... Pas de problème nous dira-t-on, il faut bien modifier pour pouvoir vendre le film. Mais là où le bât blesse c'est le non-respect total (de la part du film) de l'essence même de l'oeuvre qui est une critique implicite des humains. Dans celle-ci, les "Dèves" sont des espèces de mutants. Mi humains, mi-quelque chose d'indescriptible. Chris Cooper fait partie de ces êtres dotés de pouvoirs surnaturels. Lui peut prédire le futur. Nous sommes en pleine psychose. Tous les Dèves repérés sont euthanasiés, de peur qu'ils ne nuisent aux "humains", or la plupart d'entre eux ne possèdent que des malformations physiques (plusieurs jambes ou poitrines...), pourquoi donc les tuer ? car l'homme est primaire. Sauf que Chris Cooper, "l'homme doré" (il possède une crinière dorée naturelle), est vraiment doué pour sa part (même s'il est muet) et les autorites feront tout pour le liquider. Mais grâce à une femme qui ne peut s'empêcher de tomber amoureuse de lui, tant sa beauté physique hypnotise, il parvient à passer à travers les mailles du filet. Les humains n'auront qu'a bien se tenir car gare à eux s'il parvient à se reproduire. Après tout, il peut séduire n'importe quelle femme...  Que propose donc la paire réalisateur-scénariste ? une menace terroriste (bombe nucléaire) pèse sur les Etats-Unis, c'est très à la mode depuis le 11 septembre (syndrome 24 heures chrono), le FBI a besoin de Chris Cooper (Nicolas Cage en perruque (!!?) et pas du tout crédible) pour sauver le monde. Celui-ci est amoureux d'une femme destinée à le rencontrer (Jessica Biel en vraie potiche de service) et qui va lui permettre de suivre la piste des terroristes, français !! Dans Déja vu de Tony Scott, Denzel Washington remonte le passé, ici, Nicolas Cage (pitoyable comme jamais) traque le futur. On se demande lequel de ses deux films est le plus mauvais. "Next" probablement.  A fuir absolument.

Next (Lee Tamahori, USA, 2007, 96 mins). Avec Nicolas Cage, Julianne Moore, Jessica Biel, Nicolas Pajon, Jessica Barth, Charles Chun.

04/01/2007

Radio Libre Albemuth

medium_9782070309511.gif"C'est vrai, Phil, tu écris des trucs plus bizarres que n'importe qui aux Etats-Unis, des bouquins vraiment psychotiques, des bouquins qui parlent de cinglés et de camés, de givrés et de paumés de toutes sortes ; en fait, de toutes les sortes qui n'ont jamais été décrites avant. Tu ne peux pas blâmer le gouvernement parce qu'il éprouve de la curiosité pour le genre de mec capable d'écrire de tels livres, n'est-ce pas ? Je veux dire, ton personnage principal est toujours un gars extérieur au système, un perdant qui finit d'une manière ou d'une autre par..."

Le chef d'oeuvre de Philipp K. Dick.  Intitulé à l'origine Valisystem A, ce roman devait compléter Coulez mes larmes, dit le policier (lire la préface de Emmanuel Jouanne) et poursuivre la description d'un Etat américain policier. Le "tyran" Ferris F. Fremont renverrait à Richard Nixon, dit la préface. On pourrait y voir également un clin d'oeil à la politique menée dans les années 50-56 par le sénateur américain Joseph McCarthy (1908-1957), et sa fameuse chasse aux sorcières ("red scare" - terreur rouge - ou Maccarthisme). Tout le monde est potentiellement suspect de collusion avec "l'ennemi communiste".

Comme nous le constaterons assez vite, l'auteur a inclus dans son récit des épisodes de sa vie, qu'il considérait significatifs. Le livre fut écrit en 12 jours mais fut nourri d'une longue reflexion (4 ans). Son éditeur refusa de lui publier son oeuvre, lui demandant de retravailler son manuscrit. Mais Dick refusa. Il offrit par la suite son texte à son ami Tim Powers, lui aussi écrivain de science-fiction. Il entama par la suite la rédaction de SIVA, premier volet de la Trilogie divine. Après la mort de Dick (1982), Paul Williams, exécuteur testamentaire chargé de la succession littéraire de Dick, et également fondateur de la Philip K. Dick Society, permit la publication de Valisystem A, rebaptisé Radio Free Albemuth. L'oeuvre fut éditée en 1985. Elle vient éclairer la Trilogie divine. Et quelle baffe! Il est impossible de distinguer quelque chose de clair : confusion entre réel et irréel, délires mystiques, autobiographie, paranoïa ambiante... et ajoutons à cela que les épisodes de la vie de Dick sont étroitement imbriqués aux passages fictifs... difficile donc de se faire une image nette. Bienvenue à nouveau (note sur Philip K. Dick dans les catégories Film et Livre) dans le monde complexe et ambigu de Philip K. Dick.

"Les USA et l'URSS, réalisais-je, étaient les deux sections de l'Empire tel qu'il avait été découpé par l'empereur Dioclétien à des fins purement administratives ; au fond, il s'agissait d'une unique entité, avec un unique système de valeurs. Et son système de valeurs se résumait à la notion de suprématie de l'Etat. L'individu comptait pour rien selon ses critères d'évaluation, et les individus qui se retournaient contre l'Etat et engendraient leurs propres valeurs étaient l'ennemi."

"L'aide qui te parvient provient d'un univers parallèle. Une autre Terre qui a suivi un développement historique différent du nôtre. Celle-ci semble ne pas avoir traversé la révolution protestante, la Réforme ; le monde s'est sans doute trouvé divisé entre le Portugal et l'Espagne, les deux plus grandes puissances catholiques. Leurs sciences évolueraient, servantes d'objectifs religieux et non d'objectifs rationnels comme nous avons dans notre univers. Tu as tous les éléments pour ça : une aide de nature manifestement religieuse, en provenance d'un univers, d'une Amérique contrôlée par la première puissance maritime catholique.

Philipp K. Dick, Radio Libre Albemuth, Gallimard, Folio Science-Fiction. Traduit de l'américain et préfacé par Emmanuel Jouanne. (Titre original : Radio Free Albemuth, paru pour la première fois en 1985).

16/09/2006

A scanner darkly

178f69a48e318277852d135ae03128e5.jpgA propos de Philip K. Dick

"A scanner darkly" est le 5ème long-métrage hollywoodien adapté de l'oeuvre de Philip K. Dick. Publié pour la première fois en 1952, celui-ci s'oriente rapidement, après des débuts classiques, vers une science-fiction plus personnelle, où se déploient un questionnement permanent de la réalité et une réflexion radicale sur la folie. On peut considérer que A scanner darkly (en français : "Substance M", disponible aux éditions Folio) est l'oeuvre la plus personnelle de Philip K. Dick. Explorateur inlassable de mondes schizophrènes, désorganisés et équivoques, il clame tout au long de ses oeuvres que la réalité n'est qu'une illusion, figée par une perception humaine imparfaite.

Philip K. Dick (1928-1982) eut une existence instable, faite de divorces multiples, de drogues, de tentatives de suicide ou de recherches mystiques. La rapidité avec laquelle sont écrites certaines de ses oeuvres (notamment Minority Report) s'explique par des consommations très fréquentes de LSD et d'amphétamines.

Avant A scanner darkly, le cultissime Blade Runner (inspiré de son roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?) fut réalisé par Ridley Scott (1982, avec Harrison Ford et Sean Young). Suivit Total Recall, inspiré de sa longue nouvelle "Souvenirs à vendre" et réalisé par Paul Verhoeven (1990, avec Arnold Schwarzenegger) puis Minority Report (adapté du roman homonyme), réalisé par Steven Spielberg (2002, avec Tom Cruise et Collin Farell) et le très moyen Paycheck (2003, avec Ben Affleck, Uma Thurman et Aaron Eckart), normal c'est réalisé par John Woo.

Le premier a avoir tenté de réaliser A scanner darkly fut le "réalisateur à risques" Terry Gilliam (Brazil, The fisher king, 12 monkeys, Fear and loathing in Las Vegas). Ensuite, Georges Clooney et Steven Soderbergh se sont emparés de l'affaire, ils sont tous les deux producteurs exécutifs dans ce long-métrage, réalisé par Richard Linklater.

Lorsqu'il décède à l'âge de 54 ans, P. K. Dick est peu connu du public. Toute sa vie durant, il fut relativement pauvre, parfois même miséreux (dans un de ses articles, il décrit avec humour l'époque où sa femme et lui  étaient contraints de se nourrir avec des boîtes de chien) alors que d'autres écrivains américains de science-fiction, comme Isaac Asimov (auteur culte du cycle Fondation), Robert A. Heinlein et Franck Herbert (Dune). (Cf. la préface de Julie Péjos dans Minority Report, éditions Folio, 2002) vivaient un grand succès.

Aujourd'hui, il est considéré comme un génie de la science-fiction même s'il ne possède pas le style le plus affiné (il écrivait trop vite). Inventions multiples, décalages vertigineux et hallucinants dans la perception du futur constituent sa marque de fabrique. On considère  que sa façon de percevoir le futur était différente de celle d'autres écrivains ayant plus de succès que lui. Sa façon de percevoir le futur était différente. Au lieu  de construire ses histoires sur des concepts (comme les autres), il le faisait autour de personnages. Ceux-ci n'étaient pas des héros mais des citoyens ordinaires du futur confrontés à toutes sortes de soucis quotidiens (argent, relations, emploi...). Comme tout le monde.

Dick fut sans doute inspiré dans ses oeuvres par sa vie même : soucis financiers, 5 fois marié, grosse consommation de drogues... Normal que certaines de ses oeuvres soient assez glauques (Substance M) : beaucoup de LSD. En 1982, il vu une avant-première de Blade Runner mais décéda avant la sortie de ce dernier. Dommage qu'il soit décédé avant la sortie des autres films adaptés de son oeuvre. Celle-ci demeure immense aujourd'hui et il est désormais considéré comme un éminent auteur de science-fiction.

     

Dans A scanner Darkly de Richard Linklater, l'univers de Philip K. Dick est revisité par l'animation : aux prises de vue des acteurs sont superposées des créations infographique très sophistiquées (comme dans Waking Life, 2001, du même réalisateur) : la performance des comédiens est recréée par les procédés de l'animation. Robert Downey Jr. est énorme. A travers ce monde déglingué où se conjuguent paranoïa, schizophrénie, hallucinations et démence, confusion entre le réel et l'irréel, on peut entrevoir une certaine critique de l'Amérique d'aujourd'hui marquée par la psychose qui résulte du 11 septembre 2001 (même si l'oeuvre est antérieure), sans que le film soit tout à fait politiquement engagé. Tout le monde est suspect et chacun est coupable jusqu'à preuve du contaire.

A SCANNER DARKLY (Richard Linklater, USA, 2006, 100 mins).  Avec Keanu Reeves, Winona Ryder, Robert Downey Jr., Woody Harrelson, Rory Cochrane.